dans une expo grimaçante et belle

Ah, dessiner dans les musées…
J’ai enfin mis les pieds à la bibliothèque Forney, afin de profiter de l’exposition Jossot, amplement conseillée par des amis dessinateurs quelques jours à peine après son ouverture.

Auguste Jossot (1866-1941) fut caricaturiste, illustrateur, dessinateur de presse, peintre, affichiste, et libertaire sans étiquette (ci-dessus, un de ses plus célèbres dessins).

L’exposition présente des peintures, des éditions originales des livres et journaux qu’il illustra, des affiches, et une très belle série de dessins de Tunisie, où Jossot s’installa en 1911.

Les textes de présentation prennent un soin particulier à restituer les opinions de Jossot autant que sa biographie, à travers une sélection de ses articles et réflexions, sur la caricature notamment, ainsi que sur le caractère moutonnier de ses contemporains -qu’il conspue.

J’ai recopié comme un trophée ce petit dessin, qui ressemblait curieusement à un tatouage.

Ce n’est pas le plus représentatif du trait de Jossot, qui est encore plus étonnant dans les visages et les corps, les portraits de classe et de la logique sociale.

En fin d’expo, des dessinateurs bien vivants rendent hommage à ce maître de la caricature à travers des dessins réalisés pour l’occasion.  Deux d’entre eux (dont Catherine Meurisse) réutilisèrent ce petit dessin, pourtant anecdotique au sein de l’exposition, mais facile à exhiber. A part Lolmède qui fit une présentation lolmédesque et donc réussie, et Willem qui fit du Willem, ce qui était presque un hommage en soi tant la proximité de trait saute aux yeux après l’expo (c’est beau de voir les influences des maîtres), les dessins de 2011 sont presque tous des allusions à des dessins de Jossot, remis au goût du jour avec une problématique contemporaine. Une façon de pointer le fait qu’il n’a pas de successeur.

Les dessins de Jossot sont à la mesure de son énervement : bien envoyés. Ses toiles avec les notables grimaçants valent le détour (notamment la scène de castagne de la flicaille en plein carnaval).

L’exposition souligne le mélange entre un côté expressionniste grimaçant, et un côté art nouveau, dans la composition et les volutes. C’est bien vu, pour ce qui est du visuel.

Et comme souvent, on a envie de dessiner le public autant que l’expo. Je ne cours pas le risque de faire des portraits grimaçants pour me faire surprendre par les modèles vivants, quelques vieux rats de bibliothèques pas piqués des vers. Croqués de dos, ça va plus vite.

Par ailleurs, Le foetus récalcitrant, de Jossot, vient d’être réédité aux éditions Finitude, on peut trouver des extraits sur leur site : http://www.finitude.fr/titres/foetus.htm.

Infos utiles :
BIBLIOTHÈQUE FORNEY
1, rue du Figuier Paris 4e / Tél. : 01 42 78 14 60
Du mardi au samedi de 13h à 19h / Entrée : 6 euros / 4 euros (tarif réduit) et 3 euros (demi-tarif ) (chômeurs, RSAstes, pensez à vos justificatifs!)
Fermetures : samedi 23 avril, jeudi 2 juin, samedi 11 juin 2011.

Le site qu’Henri Viltard (commissaire de l’exposition, auteur avec Michel Dixmier du livre Jossot, caricatures, de la révolte libertaire à l’Islam, éd. Paris-bibliothèques) consacre au dessinateur : http://gustave.jossot.free.fr/