Ce midi d’août, quatre brebis d’Ouessant avachies cherchent la fraîcheur sous les pommiers; surtout celles qui n’ont pas été tondues depuis deux ans et trimballent la moitié de leur poids en rastas laineuses.
En dessinant les broussailles à l’horizon de ce terrain un peu pentu, me revient un conseil de Valérie pour faire ressortir les ombres et les volumes dans mes croquis: gribouiller dans la masse, faire de la matière, distinguer les ombres et les recréer sans contours. Elle-même dessinait beaucoup en pelotes de traits griffonnés, les yeux sur son sujet, ne vérifiant que par touches ce qu’elle traçait ; comme le négatif du geste de sculpter en taillant dans la masse. Dans sa peinture, cela se retrouve en nappes mêlées ou dégoulinantes, d’où se dégagent des chemins, des orées de bois, des eaux, des plateaux.
J’ai passé pas mal de temps à dessiner et discuter avec Valérie ces dernières années, et cet été, quand elle est venue accrocher son exposition à l’Atelier.
Elle a fait une crise cardiaque le 8 août. Il n’y a pas que ses conseils de dessin qui me manquent, et il n’y a pas qu’à moi qu’elle manque.
Il se prépare quelque chose pour le décrochage de son exposition, fin septembre, à Royère de Vassivière. Infos à venir sur le site d’Emile, et images ici : http://valerieberman.com/