Debout (un livre)

A20

Lu d’une traite, entre N20, A20 et départementales, le temps d’un trajet pluvieux Paris-la Creuse, une plongée dans le meilleur poste d’observation de Paris qui soit : la place du vigile. Et donc : du vigile noir (cf la théorie du PSG étayée par l’auteur, Gauz, écrivain ivoirien).

Debout-payé s’est déjà fait une place plus qu’honorable en librairies, l’exemplaire que j’ai acheté est son huitième tirage, pas mal pour un titre paru en septembre 2014 au Nouvel Attila – dont on ne peut que continuer à louer l’existence. Toute la presse en a déjà parlé et l’auteur a fait la tournée des popotes médiatiques ; c’est un sacré bon tchatcheur, au point de me rendre un peu méfiante sur la qualité de sa prose, pourtant à la hauteur de sa glose.

Ce livre, voilà que j’ai désormais envie de l’offrir à une bonne dizaine de personnes, pour des raisons propres à chacun mais aussi pour la joie qu’il procure, l’intelligence qu’il distille, l’espoir qu’il porte, la misère qu’il montre, la richesse qu’il griffe, le regard qu’il réveille et le Paris qu’il révèle : celui des ivoiriens, mais pas seulement. Celui de trois générations d’immigrés, mais sans la pesanteur des sagas à succès ni des feuillets bien pensants. J’enrage déjà d’avoir prêté si vite mon exemplaire sans avoir retenu quelques petites perles d’observation et d’humour, de celles qui font tenir le vigile en exercice mais aussi les autres travailleurs mus par la nécessité du salaire, qui compensent par ce rôle de journaliste l’ingratitude de leur emploi du temps.

Observer, c’est déjà perruquer. Et Debout-payé est la meilleure des perruques : il aurait pu se contenter d’un recueil de perles, écrites avec un plaisir contagieux, mais il livre davantage et c’est très généreux de sa part. Ossiri, le héros, a eu la chance de recevoir une éducation qui a aiguisé son regard et un caractère ce qu’il faut d’aventureux. D’où ce roman documentaire, qui avec modestie et humour ouvre des portes dans le Paris et la société d’aujourd’hui. En voilà un dont la liberté de ton fait du bien aux cerveaux par où elle passe.

Debout-payé, de Gauz, ed. Le Nouvel Attila, 2014, 17€

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Chaîne alimentaire et fatalité

Ilfaitbeau_aufauteuil_NB

Il fait beau était un super chat, et un super chasseur aussi. Ironie du sort, il a trépassé ce dimanche à cause d’une souris.

C’est triste, mais il vaut mieux savoir que les mort-aux-rats et autres poisons ne sont pas sans danger pour les prédateurs. On avait choisi la lutte naturelle contre la surpopulation de rongeurs à La Seauve, il va falloir se concerter davantage avec la totalité du hameau à ce sujet.

Histoire de rendre un petit hommage à ce chouette matou ainsi qu’à son prédécesseur, j’ai mis en ligne une histoire sur le site Grandpapier (une histoire de C’est toujours ça, avec un épilogue de ce jour). C’est là : http://grandpapier.org/lenon-61/c-est-toujours-ca#page14

Et histoire de ne pas finir sur une note triste, rappelons qu’Il fait beau devait son nom à une excellente comédie d’Emmanuel Mouret, Laissons Lucie faire (remontage de moral garanti).