Le chant du merle

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Discret, commun, fidèle, attachant et élégant néanmoins, le merle. Un bon titre pour un bon film qui n’est pas un documentaire ornithologique mais une histoire d’amour simple et poignante, qui nous saisit dans une apparente lenteur (une tranquillité trompeuse) pour ne nous laisser reprendre notre souffle, émus, qu’une heure vingt plus tard.

Le merle de cette histoire, c’est Aurélie, jeune et discrète serveuse de l’hôtel restaurant d’Aubazine, petit village corrézien. Aurélie, elle est gentille, et sans sous-entendu : « tout le monde vous apprécie, ici » lui dit le patron lorsqu’il devient manifeste qu’Aurélie a besoin de repos. Car l’amour a fini par tomber sur elle – ce n’est pas la première fois, mais ce n’est pas si souvent non plus, elle commençait à trouver le temps long, alors les yeux pétillants et les roublardises d’un voyageur de commerce lui sont allés droit au cœur. Ce genre de femme discrète qui pourrait sortir d’une chanson de Brassens (Les sabots d’Hélène, tiens) et qui tombe sur moins discret mais plus secret qu’elle… Fidèle, courageuse, et embarquée vers un chemin qui n’est peut-être pas le sien, Aurélie vit tout cela avec grandeur d’âme et patience, tout en continuant à s’occuper de sa mère et surtout du père du patron qui perd parfois un peu la tête, mais auquel elle est sincèrement attachée.

C’est à peu près tout. Aurélie suit aussi des cours d’ornithologie (et siffle vraiment très bien), qui sont, dans leur bonhommie scientifique et naturaliste, à la fois poétiques et représentatifs de l’ambiance d’un petit village et de ses sociabilités. On entendra certes le chant du merle (pour de faux), du coucou (en vrai et en faux), et quelques vrais morceaux de musique, rares mais marquants. Et en sourdine, peut-être, cette lancinante question tirée d’un refrain trop explicite pour être dans la B.O. : should I stay or should I go ? la question du non-départ était déjà au cœur du précédent long-métrage de Frédéric Pelle (La tête ailleurs), elle se révèle ici en creux, dans la réflexion ultime du vieux monsieur Verlhac, que je cite de mémoire mais qui ne dit pas que : « Nulle part au monde ce n’est plus beau qu’ici ».

merle_crayon_faceC’est à peu près tout et c’est bien davantage, tant ce film repose sur la retenue dans tous les sens du terme : une écriture modeste et redoutablement efficace, une beauté de chaque instant largement portée par le jeu des acteurs (professionnels et amateurs mêlés, un régal), par les paysages de Corrèze (on ne s’esbaudit pas mais on savoure, on n’est pas dans la carte au trésor), par un cadrage plus ou moins serré, à la distance juste pour rendre le spectateur un peu plus attentif qu’il ne le pensait, jusqu’au dénouement (redouté) : une heure vingt à guetter, à sourire, à trembler au chant du merle qui était peut-être un cygne.

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Le chant du merle, long-métrage de Frédéric Pelle & Orlanda Laforêt, sorti en salles le 16 mars 2016, à voir avant qu’il ne s’envole des salles.
(http://www.reneferet.com/lechantdumerle/ )

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Depuis la semaine dernière, il y a plus de lumière chez les voisins de la place, et quatre résineux en moins dans leur jardin. Deux troncs subsistent encore sur pieds avant de trouver preneurs.

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De l’autre côté du chemin, les gars débitent le tronc du gros chêne abattu l’an dernier. Un petit appoint pour se chauffer d’ici 2 ans.

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De l’autre côté du champ, une ponette apprivoise deux moutons d’Ouessant. Princesse passera ici sa retraite.

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